Le système d’enseignement supérieur des Pays-Bas se singularise par son équilibre, en matière d’effectifs étudiants, entre les branches professionnelle et universitaire. En 2019-2020, en effet, les 767 274 étudiants nationaux étaient à 60 % inscrits dans les hogescholen, les institutions de la filière HBO (hoger beroepsonderwijs – enseignement supérieur professionnel), contre 40 % en université, c’est-à-dire dans la filière WO (wetenschappelijk onderwijs – enseignement scientifique). Si l’on considère le flux des diplômés, la tendance s’inverse en faveur de la filière universitaire, plus efficace, mais les grands équilibres sont conservés : 52 % de diplômés de WO (premier et deuxième cycles), contre 48 % de diplômes émis par la branche HBO (chiffres des autorités néerlandaises et de l’association des hogescholen pour l’année 2020).

Une plongée plus en profondeur dans l’appareil de formation néerlandais permet d’explorer les raisons de cette situation. 
Tout d’abord, le pays s’est doté d’une filière secondaire professionnelle très robuste, et hautement attractive : en 2018, selon l’OCDE, en second cycle de l’enseignement secondaire, c’est plus de deux élèves sur trois (68 %) qui étaient inscrits dans la branche MBO (4 niveaux de formation) – pour une moyenne de 42 % au sein de l’organisation internationale. Ce chiffre est identique à celui de la Suisse. 
Par ailleurs, le système éducatif se caractérise par une grande fluidité des parcours. Deux voies secondaires préparent prioritairement à l’entrée dans le supérieur professionnel : le 4^e niveau de MBO (quatre années de formation, en théorie à partir de 16 ans), et HAVO, l’enseignement secondaire dit « général » (par opposition au pré-universitaire – cinq années de formation, en théorie à partir de 12 ans), entre lesquelles des passerelles existent dans les deux sens. Mais il est aussi courant que des élèves du secondaire pré-universitaire, le VWO, rejoignent une hogeschool après l’obtention de leur diplôme. En 2019-2020, parmi les étudiants inscrits pour la première fois en première année de bachelor professionnel (HBO), plus du tiers étaient diplômés de MBO-4 (34,7 %), plus de la moitié était issue de la filière HAVO (55,3 %) et 9 % étaient diplômés de VWO. Il est tout aussi intéressant de noter que, grâce à une passerelle existant à l’issue de la première année de bachelor HBO, nombreux sont les étudiants qui entrent dans l’enseignement supérieur par la porte professionnelle pour rejoindre ensuite la voie universitaire : parmi les étudiants inscrits pour la première fois en première année de bachelor MBO (en université), cette même année, près du quart venait d’un bachelor professionnel (24 %).

Or, cet équilibre entre les deux grandes voies de la formation supérieur n’est sans doute pas sans lien avec les très bonnes performances des Pays-Bas en matière d’emploi : le pays enregistrait un taux de chômage de 2,7 % seulement parmi la population des plus de 25 ans en 2022, pour une moyenne de 3,9 % parmi les pays à haut niveau de revenu (Bureau international du travail). C’est le deuxième meilleur score parmi les pays d’Europe occidentale, méridionale et septentrionale, le premier étant détenu par la Norvège (2,1 %). A méditer en France, où la crise du recrutement qui touche de multiples secteurs à faible niveau de qualification côtoie un taux de chômage plus de deux fois plus élevé (6,1 % chez les +25 ans en 2022 selon l’OIT).