Le système d’enseignement supérieur suisse a la particularité – et l’intelligence – de ne pas être organisé de manière binaire. Il ne pose en effet pas la question de l’orientation en termes de choix entre filières académique et professionnelle : il propose plutôt un continuum qui, de la formation professionnelle supérieure (FPS) assurée par les écoles supérieures (ES), passe par l’enseignement universitaire professionnalisant, délivré par les hautes écoles spécialisées (HES) et les hautes écoles pédagogiques (HEP) et se termine par l’enseignement académique et ses hautes écoles universitaires (HEU). Cette fluidité irrigue toute la chaîne scolaire.
Voici les principaux ingrédients de la recette éducative suisse :
La combinaison de ces éléments fonde l’efficacité de l’enseignement supérieur suisse. Son paysage se singularise par des équilibres assez uniques qui font de la Suisse un modèle, au sens premier du terme.
Premièrement, en Suisse, une filière professionnelle secondaire très attractive et une part modeste des jeunes entrant dans le supérieur vont de pair avec une part très élevée de la population adulte formée au niveau supérieur. En effet :
Deuxièmement, la ventilation des effectifs entre les différentes branches de l’enseignement supérieur est remarquablement équilibrée dans le pays. À grands traits, sur 10 étudiants en 2019-2020, 5 étaient inscrits en HEU, 3 en HES/HEP et 2 dans la FPS ; et sur le total de leurs effectifs, les HEU comptaient 16 % de doctorants.
Troisièmement, les jeunes diplômés suisses s’insèrent remarquablement sur le marché du travail, qu’ils soient issus du secondaire professionnel ou diplômés du supérieur. En 2021, en effet, 86,5 % des 25-34 ans qui avaient terminé le secondaire sans poursuivre au-delà étaient en emploi – l’immense majorité d’entre eux étant issus d’une filière professionnelle. C’était dix points de plus que la moyenne des pays de l’OCDE (76,6 %), et presque autant par rapport à la France (77 %). Chez les jeunes possédant un diplôme supérieur, cette part atteignait 90,5 %, soit 6 points de plus que la moyenne OCDE (et 3 points de plus que la France), et un écart divisé de moitié entre ces deux catégories par rapport à la moyenne de l’organisation (4 points en Suisse, contre 8 à l’échelle de l’OCDE et 10 en France).
Lisez l'Essentiel Paxter consacré à la question: L'enseignement supérieur en Suisse