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En quoi le système d’enseignement supérieur danois est-il efficient ?

En quoi le système d’enseignement supérieur danois est-il efficient ?
Par Samia Boudjelloul
25.09.2023

Pour qu’un jeune soit bien formé dans la branche universitaire, il doit aller jusqu’au Master. En-deçà d’un bac+5, la valeur du diplômé sur le marché du travail est douteuse. D’ailleurs, il suffit de regarder les statistiques du Danemark pour s’en convaincre : dans ce pays dont les indicateurs d’efficacité de l’enseignement supérieur sont systématiquement très au-dessus de la moyenne des pays européens et de l’OCDE, près de 100 % des titulaires d’une licence universitaire poursuivent en second cycle (99 % en 2019 selon European Commission, « Denmark », in Education and Training Monitor 2020). 
Voici l’une des interprétations hâtives auxquelles peut assez aisément conduire cet impressionnant taux de poursuite en deuxième cycle. Elle correspond à un discours largement répandu. Pourtant, le système danois nous donne une tout autre leçon. 

Avant de tirer quelque conclusion que ce soit, une question s’impose : quelle part des étudiants ces titulaires d’une licence universitaire recouvrent-ils ? À la sortie de la Folkeskole (10 années obligatoires, primaire et premier cycle du secondaire), environ huit élèves sur dix, parmi ceux qui poursuivent leurs études, s’orientent vers la filière générale – les autres optant pour un second cycle secondaire professionnel (chiffres de la rentrée 2020). Or, si l’on regarde ce qui se passe deux ans après l’obtention d’un diplôme de l’enseignement secondaire général (4 spécialités), on constate que parmi les inscrits dans l’enseignement supérieur (70 % du total des diplômés de l’année 2017), environ une moitié seulement a opté pour la branche universitaire – les autres ayant rejoint soit l’enseignement secondaire professionnel soit, pour la majorité d’entre eux, la formation professionnelle supérieure (cycle court ou licence professionnelle). Ce qui conduit à penser que la réussite du système danois ne réside pas dans son taux de poursuite entre premier et deuxième cycle universitaire, mais dans la pertinence des choix d’orientation et, plus largement, des parcours proposés aux élèves et vécus par eux. En d’autres termes, si tous les licenciés de la branche universitaire poursuivent jusqu’en Master, c’est parce qu’au Danemark, les jeunes qui optent pour une licence universitaire sont ceux et seulement ceux qui se destinent à des études longues. Année complémentaire facultative à la fin de la Folkeskole, soit avant l’orientation entre la voie générale ou la voie professionnelle, absence de cloisonnement entre les sous-systèmes professionnels et général/universitaire, et tendance très marquée des jeunes Danois à ne pas entamer leurs études supérieures immédiatement après l’obtention d’un diplôme de niveau secondaire : autant d’éléments qui fondent l’efficacité du système éducatif du pays à tous les niveaux y compris le supérieur – alors même que celui-ci est, dans son principe, non-sélectif. 

Lisez l'Essentiel Paxter consacré à la question : "L'enseignement supérieur au Danemark"
Par Samia Boudjelloul
25.09.2023